Munie de ma trousse à postures, méditations, relaxation, et plus justement de mon cœur, je me suis rendue la semaine dernière à l’ESAT de Ménilmontant à Paris pour offrir aux personnes en situation de handicap accueillies dans cet établissement, un cours de yoga, dénommé « cours de relaxation ». La relaxation, cela raisonne chez tout un chacun. Le yoga semble moins accessible, plus complexe d’emblée, d’emblée et surtout dans l’imaginaire. Parce que les personnes en situation de handicap, elles, ne s’effarouchent pas et ne s’encombrent pas des images véhiculées par ce mot exotique ; bien au contraire. A l’E.S.A.T de Ménilmontant, les personnes ont bel et bien pratiqué du yoga et se sont bel et bien laissées porter, par les postures, les respirations, les mantra – adaptés à leur capacité. Ainsi curieux et heureux de se voir offrir un cour inhabituel, les apprentis yogi sont pleinement entrés dans la danse et ont pris part au voyage physique, sensitif et psychique que leur propose cette pratique qu’est le yoga ou l’union – l’union entre moi et eux, l’union entre eux et leur corps, l’union entre eux et eux-mêmes ; Au détour de la pratique se dessinent les limites, celles de la compréhension, celles de leur schéma corporel, celles de leurs angoisses. L’un ne peut pas se mettre en mouvement craignant le jugement d’autrui, l’autre ne peut pas s’étendre en relaxation il doit bouger pour se sentir en vie, ne pas se retrouver seul avec lui même. Au détour de la pratique, se dessinent les possibles… Celui qui évite constamment les regards parvient chemin faisant à en croiser quelques uns, ces deux autres, toujours impassibles, s’illuminent d’un sourire en étendard, celui-là encore qui ne bouge jamais, parvient à ouvrir son corps, ses bras, ses mains, ses jambes, au rythme de la musique. Et tous nous offrent de jolis chœurs de mantra.

Les personnes en situation de handicap n’ont pas moins besoin que tout un chacun, d’ouvrir leur corps, leur cœur, de découvrir leur rythme et résonance et de s’approcher au plus près des besoins de leur âme. L’insertion ne doit pas se résumer à l’employabilité et le soin à la mécanique du corps.
Alors, merci, à ces professionnels, à ces institutions d’appréhender les personnes dont elles ont la charge en tenant compte de leur globalité et de leur offrir ainsi des prestations bénéfiques à leur développement personnel, plus intime, plus profond, ce développement à l’image du yoga, à l’écoute des besoins du corps, du mental et de l’esprit.